Jeunesse, où es-tu ? Que penses-tu ?

Publié le par Scalix

Comme certains le savent ici, je suis depuis peu étudiant en faculté de droit. Bien que je suive cet enseignement dans une zone profondemment rurale, j'ai la chance d'avoir certains éminents professeurs, qui cherchent avant tout à éveiller notre esprit critique et à réveiller les larves que nous sommes devenus. Ainsi, certains soupirent gentilment lorsque l'on aborde les thèmes de la jeunesse militante. D'autres nous disent gentilment : "Vous êtes la France de demain, pas nous. La seule chose que vous ayez à faire, c'est d'être moins con que nous ne l'avons été."

J'en viens donc à une question de réflexion, sur un sujet qui me poursuit jusque dans mon sommeil. Que pensons-nous aujourd'hui, nous, France de demain ? Lorsque j'ai l'occasion de voir, à la télé ou dans certains journeaux, des documentaires sur la jeunesse militante des années 60-70, que j'observe à quel point leurs connaissances dans le domaine politique et leur esprit critique étaient développés par rapport à ma génération, j'ai presque envie de vomir.
Je suis choqué, de voir à quel point nous manquons majoritairement de civisme, et à quel point nous sommes dédaigneux à l'idée de nous investir dans la vie de notre Nation (et c'est volontairement que j'emploie le terme de Nation et non d'Etat). Déjà, les élections présidentielles pointent le boût de leur nez ; et depuis déjà plusieurs mois, nos chers politiciens bataillent pour l'emporter. La génération des 18-25 ans ne se prononcent que très rarement sur ces questions primordiales. Les plus jeunes, encore moins. Un dictateur pourrait être en tête des sondages qu'ils se soumettraient promptement. Pourquoi ? Eh bien parce que si personne n'est là pour les convaincre du danger qu'ils encourrent, ils ne feront pas l'effort de le réaliser par eux-même.

Est-ce pour autant que l'on peut parler de pays ou de peuple malade ? Ou même de peuple con ? Non, je ne pense pas. Il y a tout un système d'éveil politique à revoir, j'en suis convaincu. A une époque où notre héxagone vieillissant commence progressivement à inverser la vapeur et à se régénérer, il FAUT que l'enseignement et les milieux spécialisés préparent les jeunes générations au vote. Il faut que ces gens là leur apprennent à réfléchir par eux même, à ne plus se soumettre indignement à l'opinion de "la masse".
Il n'y a, à mes yeux, rien de plus dégradant pour ma tranche d'âge, que de se laisser aller, de se moquer des directions que prennent nos gouvernements, à l'échelle nationale comme à l'échelle internationale, pour ensuite être ravis par l'arrivée d'un CPE ou de projets de loi ridicules dans le genre. Je parle de réjouissance oui, car nombre de ces lycéens et étudiants sont enjoués à l'idée de "sécher les cours, piccoler et gueuler dans la rue sans emmerder personne." Je caricaturise, certes ; ils ne sont pas tous comme ça. Mais essayez de vous faire une idée, regardez autour de vous, réalisez que vous avalez les paroles crachées par ceux qui prétendent détenir le savoir et la vérité.

Syndicats, militantisme, dévotion, conscience politique...Toutes ces notions sont devenus majoritairement obsolètes. Se consacrer à l'Etat français, très peu pour nous, n'est ce pas ? Et pourtant, si personne ne se réveille, nous courrons à la catastrophe. J'éspère seulement que nous passerons outre cet individualisme puant qui nous étouffe, et que nous recommencerons à faire parler une conscience collective, capable de faire pression sur ceux qui ne veulent servir que leur propres intérêts.

Publié dans Débat

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B
Me concernant, ca qui me sidére, c'est la faculté qu'ont les jeunes d'aujourd'hui à être manipulés par leur aînés. Je suis à titre personnel persuadé que le taux d'interet de la politique pour les jeunes n'a pas diminué, mais que celui ci est plus mis à mal par l'uniformisation de la politique.<br /> Lorsque nous parlons d'idée, de revendications, de positions, combien de jeunes sortent dans la rue? Aucun. De même l'individualisme primaire qui hante notre génération à ce titre est sidérant. Cela m'a toujours amusé de constater lors des événements du CPE, que finalement le CNE promulgué quelques mois auparavants n'avait fait bouger aucun de ces jeunes. Comme me sidérait la façon dont ceux avaient d'en parler. Concretement ils récitaient une  lecon, incapable de sortir le contenu direct de la loi.<br /> Il ne faut pas oublier que la jeunesse d'aujourd'hui n'est pas celle de 68, l'impact des idées anarchi-communistes ayant disparu de la sociéte. Comme la jeunesse est considérée à un age plus avancé qu'auparavant. Il s'agit probablement d'une infantilisation de la société.<br /> Mais soyons réaliste. Qu'ils soient de mai 68 ou de la génération CPE, ces jeunes politicards ont toujours été manipulés, notament par les syndicats. La jeunesse dans la rue fait peur, et les "adultes l'ont bien compris.<br /> A titre personnel j'ai toujours aimé la politique, mais étant de conviction plutot de droite, j'ai souvent fait parti des opposés à ce type de manipulation tout en l'ayant probablement subie de mon coté. N'oublions pas que le CPE ne concernait qu'une partie de la population et que la majorité des entreprises pour des raisons d'Accords et de conventions collectives n'auraient jamais pu l'utiliser à leurs fins. Mais là je déborde du sujet...<br />  
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S
J'ai peur que ta vision de la jeunesse soit utopique, Hanaisenpai. J'aimerais vraiment croire à ce que tu me dis, croire que la jeunesse se focalise sur les études et l'emploi, laisse de côté l'économie et la politique pour se concentrer dessus plus tard, mais j'ai tellement, tellement peur que ce soit faux. Je vis chaque jour entouré de personnes de mon âges, et je peux t'assurer que même si certains font preuve d'une réelle conscience politique, ou même si certains formulent leur volonté de s'y mettre une fois un emploi trouvé, la grosse majorité s'en fout comme c'est pas permis, et pourrait élir le pire des cons seulement parce que c'est celui qui passe le plus à la télé (comprenez-y ce que vous voulez...).De toute façon, ce que tu dis sera très facilement vérifiable d'ici quelques années. Nous verrons de nos propres yeux si notre génération ose enfin mettre les pieds dans le plat, exprimer des revendications et des désaccords, et faire vivre la démocratie. Wait and see, comme disent certaines personnes ;)
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H
Salut Scalix :Intéressant commentaire que tu postes là. Je me permets de rajouter ma pierre à l\\\'édifice. Tu te désoles que la jeunesse française semble se désintéresser de la politique...Je peux te dire qu\\\'ici (aux Etats-Unis), c\\\'est bien pire. Le gouvernement américain a envoyé une bonne partie de l\\\'armée (et de la jeunesse donc) en Irak, et s\\\'il y a eu des protestations en 2003 dans certaines facs du pays, le soufflé est depuis largement retombé. Les jeunes américains ne s\\\'intéressent, pour la plupart, qu\\\'aux évènements sportifs et aux séries TV diffusées par les différents networks (et puis il y a les filles aussi...). Pourtant la politique américaine est simplissime comparée à la politique française (2 partis et 1 vote tous les 2 ans).Alors les jeunes américains sont-ils des crétins ?Non, bien sûr que non. Je pense que leur relatif désintérêt des questions politiques est avant tout une question de culture. Ici on apprend le respect du chef, que ce soit le patron, le maire ou le président, et surtout le respect de ses décisions. Alors qu\\\'en France, tout est toujours passionné, l\\\'approche de la politique ici est beaucoup plus pragmatique. "Le président a été élu, nous ne sommes pas d\\\'accord avec lui, tant pis, qu\\\'il fasse ce qu\\\'il veut, nous voterons pour l\\\'autre candidat aux prochaines élections". Et donc la jeunesse américaine baigne dans cet esprit très positif qui consiste à dire "qu\\\'après la pluie, le beau temps".C\\\'est la raison pour laquelle (enfin je crois), ils ne s\\\'intérressent pas à la politique. Ils se disent, je me consacre à mes études, je trouve un super job à la sortie de la fac, et à ce moment-LA, lorsque j\\\'aurai de l\\\'argent (et donc du pouvoir), je prendrai ma carte au parti Démocrate/Républicain, pour pouvoir changer les choses.Ce qui me ramène à la jeunesse française. Je pense (et là encore je peux me tromper) qu\\\'une grande partie du désintérêt des jeunes pour la politique (en plus d\\\'une culture de la consommation) est due à la peur de ce monstre nommé chômage. Tu viens de rentrer en fac (donc le chômage pour toi est encore loin) mais il est certain que de nombreux jeunes "la bouclent" par peur de sacrifier leurs études (et donc leur possibilité d\\\'accéder à l\\\'emploi) à un quelconque engagement dans la vie politique. La quête d\\\'un emploi passe avant tout.Et la révolte du CPE l\\\'a montrée. Cette fronde consistait à dire "Nous galérons déjà comme des crevards pour trouver un boulot, et vous voulez nous rendre la tâche plus difficile encore ? Mais ça va pas la tête ?"Tu dis aussi, que comparés aux générations précédentes, nous sommes des crétins, et honnêtement je ne suis pas sûr que ce soit complètement vrai. D\\\'une part, les soixante-huitards vivaient encore dans un monde bipolaire, où le communisme était encore perçu (par de nombreux intellectuels notamment) comme la solution à la misère du monde. Evidemment, cela faisait rêver et les jeunes lisaient Mao comme on lit Harry Potter maintenant. Aujourd\\\'hui le communisme est mort et seul reste le capitalisme et son indivualisme qui n\\\'encouragent guère les mouvements d\\\'enthousiasme des foules. D\\\'autre part, s\\\'il est vrai que de nombreux jeunes qui ont manifesté contre le CPE l\\\'ont fait pour "sécher les cours", il est sûr et certain que c\\\'était déjà le cas en Mai 68. Combien de jeunes de l\\\'époque se sont frittés aux forces de l\\\'ordre que parce que cela leur permettait de se défouler ? Nous ne le saurons jamais mais il y en avait un paquet. Et après tout c\\\'est ainsi que l\\\'on déclenche les révolutions : une dizaine d\\\'hommes convaincus de leur cause convainquent une dizaine de milliers d\\\'insoumis de se joindre à eux pour foutre le bordel. Et advienne que pourra.En bref je serais donc tenté de dire que la jeunesse ne se désintéresse pas complètement de la politique, mais qu\\\'elle a décidé de reporter son engagement aux jours meilleurs où elle gagnera sa vie.
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S
C'est exactement de ça que je parle lorsque j'emploie les termes d'initiation à la politique. Je ne parle pas d'apprendre les bases d'un milieu pourrie et égocentrique a des jeunes, mais plutôt de mettre en avant l'esprit critique, la réflexion personnelle et l'analyse, afin de permettre aux jeunes générations de penser par elle même, au lieu de suivre bêtement le discours de personnes sûres d'elle qui racontent un gros paquet de connerie. La politique nous manipule, à partir du moment où l'on n'est pas en mesure d'accepter ou de réfuter ce qu'elle nous dit. Il est essentiel pour toutes les générations de bien comprendre les enjeux qui la concerne et de mettre en avant ses revendications. C'est tout ce que j'aimerais. Te connaissant un peu, je pense de toute façon que nous sommes d'accord sur les grandes lignes. Et je pense même que nous avons raison de penser ça.
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W
Personnellement je fais partie de cette catégorie de jeunes que tu épingles, Scalix : ma culture politique est relativement peu développée, l'idée de soutenir la Nation me fait plutôt sourire (en l'état actuel des choses), et j'ai bien du mal à me détacher de ce cynisme ambiant, qui, sois-en assuré, m'exaspère au plus haut point, alors même que souvent j'y contribue.Quoi qu'il en soit, dans les grandes lignes, je suis d'accord avec toi, même si ça me paraît plus facile à dire qu'etc.MAIS : je suis profondément imperméable à toute forme de militantisme, je déteste les gens engagés qui gueulent plus fort que tout le monde et qui détiennent la vérité. C'est une position facile, peut-être, mais j'ai du mal à penser en terme de masses, et j'aime croire que tout peut se régler à l'échelle de l'individu...Alors éduquer les jeunes à la politique, ça me fait assez peur. En revanche, leur apprendre à penser par eux-mêmes (et peu importe le domaine), à éviter de toujours sortir des conneries de type c'est tout blanc ou tout noir, c'est ça le vrai enjeu, et à mon avis, on ne peut s'intéresser intelligemment à la politque qu'une fois qu'on a acquis cette chose. Et c'est pas facile, ça c'est sûr...
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